Mise en garde contre une nouvelle hérésie : l’anti-sacramentalisme
Autant l’Église s’est toujours opposée à la participation à des sacrements valides mais illicites (schismatiques orientaux, prêtres jureurs) – ce qui nous commande de ne pas participer aux messes de la Fraternité Saint Pie X – , autant il est contraire au bien commun de l’Église d’encourager les fidèles à ne pas participer à des sacrements valides et licites.
Cette hérésie est aujourd’hui professée par le frère Arnaud, ce qui, en plus de nous attrister, gâche le bon travail qu’il a fait sur Clovis et la vie des saints.
Le frère a été accueilli dans les chapelles non una cum suite à son départ de la CRC. Il était du devoir des chapelles de le faire, car aucune âme de bonne volonté n’est en trop dans l’Église.
Hélas, suite à un traquenard médiatique dont il a été victime au mois de novembre dernier, qui a provoqué une réaction en chaîne d’évènements, le frère Arnaud a progressivement perdu ses repères et quitté la foi, jusqu’à aujourd’hui attaquer publiquement les chapelles non una cum.
C’est un deuil pour l’Église.
La charité consiste à lui dire d’arrêter cette auto-destruction spirituelle et de prier pour qu’il revienne aux vérités de foi élémentaires qu’il nie désormais.
Aujourd’hui, s’érigeant en autorité au motif que nous sommes orphelins de l’Autorité, il se fait l’apôtre d’une hérésie qui est un mélange de protestantisme (libre examen, « par la foi seule ») et de jansénisme inversé (éloignement des sacrements, non au nom du manque de pureté des fidèles, mais au nom d’un pseudo-manque de pureté doctrinale des clercs).
En substance, le propos du frère Arnaud est le suivant : pour mettre fin à la Passion de l’Église et provoquer la venue (sic) du successeur de Pie XII, il faut prier et cesser de participer aux sacrements valides et licites.
Outre que les catholiques n’ont pas attendu le frère Arnaud pour prier pour la remise en ordre de l’Église – synonyme de l’éradication complète du modernisme et de ses conséquences – , la participation aux sacrements fait partie de la « mission de salut du genre humain de l’Église ». Lisons Pie XI à ce sujet (Mortalium animos) :
« Or, en vérité, son Église, le Christ Notre Seigneur l’a établie en société parfaite, extérieure par nature et perceptible aux sens, avec la mission de continuer dans l’avenir l’œuvre de salut du genre humain, sous la conduite d’un seul chef (Matth. XVI, 18 ; Luc. XXII, 32 ; Joan. XXI, 15-17), par l’enseignement de vive voix (Marc. XVI, 15) et par l’administration des sacrements, sources de la grâce céleste (Joan. III, 5; VI, 48-59; XX, 22; cf. Matth. XVIII, 18 ; etc.) »
Dans son encyclique Satis Cognitum, Léon XIII enseigne infailliblement, en des termes extrêmement clairs, que la mission de l’Église de sauver les âmes ne peut reposer exclusivement sur la foi (« la foi, à elle seule, ne peut aucunement le réaliser »). Cette mission de l’Église repose également sur la participation aux sacrements (« il faut y ajouter le culte rendu à Dieu, en esprit de justice et de piété et qui comprend surtout le sacrifice divin et la participation aux sacrements ») :
« En effet, c’est pour le salut du genre humain que Jésus-Christ S’est sacrifié, c’est à cette fin qu’Il a rapporté tous Ses enseignements et tous Ses préceptes ; et ce qu’Il ordonne à l’Église de rechercher dans la vérité de la doctrine, c’est de sanctifier et de sauver les hommes. Mais ce dessein si grand, si excellent, la foi, à elle seule, ne peut aucunement le réaliser ; il faut y ajouter le culte rendu à Dieu, en esprit de justice et de piété et qui comprend surtout le sacrifice divin et la participation aux sacrements ; puis encore la sainteté des lois morales et de la discipline. Tout cela doit donc se rencontrer dans l’Église, puisqu’elle est chargée de continuer jusqu’à la fin des temps les fonctions du Sauveur : la religion, qui par la volonté de Dieu a en quelque sorte pris corps en elle, c’est l’Église seule qui l’offre au genre humain dans toute sa plénitude et sa perfection ; et de même tous les moyens de salut qui, dans le plan ordinaire de la Providence, sont nécessaires aux hommes, c’est elle seule qui les leur procure. »
Dès lors, encourager les fidèles à se priver de sacrements valides et licites, c’est s’opposer à la mission de l’Église « du salut du genre humain », c’est conspirer contre le salut des âmes.
Abandonner les sacrements au motif que cela donnerait plus de ferveur à la prière est un délire théologique qui n’a aucun fondement dans l’enseignement de l’Église.
Examinons l’hérésie anti-sacramentelle en commentant quelques passages de la vidéo que le frère Arnaud a réalisé aux côtés d’un « catholique » québécois, dans laquelle l’hérésie cohabite avec le dénigrement des dernières chapelles catholiques.
5’ : « On a cantonné la Tradition, on accepte que l’Église soit réduite à de petites chapelles »
« On n’accepte pas » l’idée : c’est un fait que les modernistes ont apostasié. Personne ne leur a interdit de rejoindre les chapelles catholiques. Le faible nombre de catholiques résulte du modernisme et non des chapelles non una cum, qui gardent la foi.
12’20 : « le vrai combat est sur Pierre »
Effectivement, le vrai combat repose sur saint Pierre, c’est-à-dire, notamment, sur le Magistère de l’Église. Cela conduit à adopter la position non una cum et à se rendre lorsqu’on le peut aux chapelles qui ont cette position. Una cum Petro = Non una cum Arnaud.
12’54 : « Mais là chacun devient le pape, on est comme les protestants »
Les protestants aux dernières nouvelles ne fondent pas leur position sur le Magistère de l’Église. Et aux dernières nouvelles, également, sous réserve de garder pied avec le réel, les chapelles non una cum ne professent que la foi catholique.
14’20 « Tout ce qui est fondé sur Mgr Lefebvre, Mgr Thuc, c’est zéro. Ce n’est pas le bon combat. Ce n’est pas ce que Dieu demande ».
Entendre : le bon combat, « ce que Dieu demande », c’est tout ce qui est fondé sur le frère Arnaud et son ami québécois.
C’est à se demander pourquoi nous ne les avons pas attendu pour agir.
14’54 : « Notre petite chapelle, notre petit confort spirituel »
Voilà un raisonnement d’enfant gâté.
Le frère Arnaud considère qu’il relève du « confort spirituel » d’avoir une chapelle de position non una cum. C’est là faire complètement sécession avec le réel.
Les chapelles existent au prix de sacrifices tant de la part des clercs que des fidèles, faisant souvent face à la persécution. Nous n’avons pas tout à fait la même définition du mot « confort » !
15’15 : « De provoquer le Ciel, de lui faire violence…»
N’a-t-on pas appris au frère qu’il ne faut pas tenter Dieu ? Qu’il relise, dans l’Evangile, l’opposition du Christ aux tentations de Satan.
19’40 : « Cette recherche effrénée de vie sacramentelle, pour le besoin de son âme, c’est ce qu’il faut sacrifier. On a des exemples dans l’histoire de l’Église, c’est ça qu’il faut faire. On arrête les sacrements, on prie d’autant plus, avec d’autant plus de ferveur que l’on a pas cette consolation de cette messe du dimanche. »
Tout ceci n’a absolument au sens catholique et aucun sens tout court.
La messe du dimanche n’est pas une consolation, c’est l’application du premier commandement. Demander à des catholiques de renoncer à un devoir lié au premier commandement est un crime contre leur âme.
Contrairement à ce que dit le frère Arnaud, jamais dans l’histoire de l’Église des catholiques ont fait le choix de cesser de participer à des sacrements valides et licites. Jamais. Les Japonais n’ont pas renoncé aux sacrements pendant plusieurs siècles, ils en ont été privés par les persécutions qu’ils subissaient, cela n’a strictement rien à voir. Aucune analogie n’est possible avec ce que professe le frère Arnaud.
25’ : « Cela fait 60 ans, et on ne demande toujours pas un pape ».
Le frère Arnaud est mal renseigné : dans nombre de chapelles, les clercs demandent à prier pour avoir un pape.
A nouveau, le frère parle sans savoir et forge une « réalité » qui n’existe pas.
27’50 : « On pensait que ces messes [non una cum], étaient les derniers rayons de soleil. Eux pensent que c’est l’Église. Mais je suis arrivé à la conviction que c’est l’éclipse totale. Tous les prêtres actuellement qui célèbrent la messe, de quelque camp qu’ils soient, ne sont plus fidèles à Jésus-Christ. Parce que leur sacerdoce n’est pas relié au sacerdoce de Pierre. »
Indépendamment du fait qu’il mette ici sur le même plan le faux clergé moderniste et le clergé catholique, le frère Arnaud professe une hérésie : pour lui, il n’y a plus de hiérarchie. Qu’il ouvre n’importe quel catéchisme pour comprendre que cela est contraire à la foi. Nous le renvoyons aussi à Satis Cognitum et Mortalium Animos.
Le sacerdoce qui a conservé la foi et les sacrements est bien entendu valide et licite.
38’31 : « Qu’est-ce que ça change pour eux [les fidèles des chapelles non una cum] d’avoir un pape ? »
D’un point de vue strictement individuel, cela serait la fin d’une vie de persécution. Pour d’autres, cela éviterait d’avoir à parcourir des centaines de kilomètres pour aller à la messe. Excusez du peu…
En conclusion, le frère Arnaud professe une hérésie néo-janséniste extrêmement dangereuse pour les âmes, peut-être de nature à impressionner les esprits faibles.
Cette hérésie doit être combattue par tout catholique au même titre que le modernisme, le gallicanisme ou le feeneyisme. Être una cum Petro, c’est être non una cum Arnaud, car saint Pierre rejette tout ce qui s’oppose à son enseignement et à la mission de l’Église, dont il est le fondement.
La frère Arnaud a prouvé par ses travaux historiques qu’il pouvait faire du bien.
D’autres avant lui ont chuté et sont finalement revenus à bon port.
Prions donc pour qu’il se détourne de la voie funeste qu’il emprunte actuellement et qu’il retourne à l’Église.
A. Abauzit.
Le premier février 2023.