Réfutation de la chutzpah lefebvriste et conciliaire concernant l’infaillibilité du magistère ordinaire de l’Eglise (Adrien Abauzit)
« Quiconque considère aujourd’hui le Concile comme simplement pastoral est taxé d’hérétique et de schismatique ! Pourtant, la Commission théologique a suffisamment défini que le Concile n’est pas dogmatique. Ne serait-il pas malgré tout infaillible, puisqu’il semble bien faire partie du magistère ordinaire universel ? […] A moins d’avoir les schèmes mentaux d’un moderniste pur, le magistère universel ne saurait se contredire et rester infaillible. Sommes-nous devant un dilemme insoluble ? Non, la solution est bien simple. L’universalité dont on parle à propos du magistère ne concerne pas seulement l’unanimité dans l’espace, mais aussi dans le temps, selon le canon de Lérins : « quod semper et ubique » – toujours et partout. Si on enlève le caractère de perpétuité à l’infaillibilité, rien n’empêche que l’Église tombe prisonnière d’un de ces rassemblements idéologiques qui imposent leurs erreurs à la masse, sous la motion d’un groupe de pression. Or c’est précisément ce qui s’est passé à Vatican II. Et pas seulement à Vatican II. »
Abbé Dominique Bourmaud, Cent ans de modernisme, généalogie du concile Vatican II, éditions Clovis, 2003, p. 396-397.
Un pape est infaillible en matière de foi et de mœurs. Constater qu’une personne qui se prétend pape professe une hérésie dans son « magistère », c’est inévitablement conclure que cet individu, en réalité, n’est pas pape et que l’institution à la tête de laquelle il se trouve n’est pas L’Église catholique, mais une secte.
Pour ne pas aboutir à cette conclusion évidente et implacable, les « tradis » – pour ma part je ne suis pas « tradi » mais catholique – ont trouvé une parade à faire gober aux « gogos » ravis d’être leurrés pour préserver leur petit confort et leurs petites habitudes.
L’astuce consiste à donner une définition fausse du Magistère ordinaire de L’Église, pour faire croire que son infaillibilité n’a jamais été officiellement engagée. On remarquera que l’« astuce » lefebvriste a été reprise par les conciliaires les mieux formés. Voici en quoi elle consiste : selon les faussaires du dogme, un pape ne serait infaillible que lorsqu’il répète une vérité en matière de foi et de mœurs (une « doctrine universelle du salut » dans la bouche des conciliaires, un « enseignement constant » dans la bouche des lefebvristes), et non simplement lorsqu’il énonce un enseignement en matière de foi et de mœurs, dans le cadre de ses actes.
Alors que le Magistère dispose qu’un enseignement pontifical en matière de foi et de mœurs est par définition conforme à la Révélation, les faussaires prétendent qu’il faudrait distinguer entre une répétition infaillible à côté de laquelle cohabiterait un enseignement faillible en matière de foi et de mœurs auquel les catholiques ne seraient pas tenus d’adhérer…
La falsification lefebvriste du dogme
La falsification du dogme est la suivante : l’infaillibilité du Magistère ordinaire de l’Église est engagée, en matière de foi et de mœurs, nous disent les lefebvristes, qu’en cas de répétition d’un enseignement infaillible, d’un enseignement constant.
Illustrons notre propos par le commentaire d’extraits d’un ouvrage, au demeurant très intéressant, du MJCF, organisme lefebvriste :
– « Si un enseignement est celui du magistère, il doit être constant. Cette constance est un critère qui permet d’identifier le magistère » (Vatican II, L’Église à la croisée des chemins, tome 2, édition du MJCF, 2012, p. 402).
Une précision s’impose. A elle seule, la constance ne suffit pas. A cette constance, doit s’ajouter l’autorité de l’Église. C’est l’autorité de l’Église qui confère à un document son infaillibilité en matière de foi et de mœurs. Cette autorité provient de l’origine papale du texte. Même les conciles ne sont infaillibles que parce qu’ils sont ratifiés par les papes.
Je rejoins cependant les auteurs pour dire que si l’on constate une rupture dans l’enseignement, nous ne sommes pas en présence d’un texte du Magistère. Mais si nous ne sommes pas en présence d’un texte du Magistère, alors qu’officiellement, il nous est dit le contraire, que faut-il conclure ? Que l’autorité officielle dit faux. Si elle dit faux c’est qu’elle n’est pas l’autorité véritable. Le « Magistère qui dit faux » est parole d’usurpateur.
– « Si un enseignement n’est pas constant, ce ne peut pas être du magistère » (Vatican II, l’Église à la croisée des chemins, tome 2, édition du MJCF, 2012, p. 403).
ALERTE CHUTZPAH LEFEBVRISTE.
Nous arrivons ici au nœud du problème.
Cette phrase est un pur sophisme, car il est rigoureusement et théologiquement impossible qu’en matière de foi et de mœurs un enseignement pontifical ne soit pas constant. Ici se situe la différence entre le catholicisme et le lefebvrisme.
Le lefebvrisme soutient qu’il est possible que l’Église enseigne le faux en matière de foi et de mœurs (relisons l’abbé Bourmaud : « Si on enlève le caractère de perpétuité à l’infaillibilité, rien n’empêche que l’Église tombe prisonnière d’un de ces rassemblements idéologiques qui imposent leurs erreurs à la masse, sous la motion d’un groupe de pression. Or c’est précisément ce qui s’est passé à Vatican II. Et pas seulement à Vatican II. »), fut-ce failliblement. Le catholicisme enseigne le contraire.
Le temps n’est pas un critère constitutif du Magistère ordinaire et universel de l’Eglise
Le critère du « temps », de la « perpétuité » que devrait soi-disant avoir le Magistère ordinaire pour être caractérisé est une pure invention lefebvriste, car par définition, par essence, la Magistère ordinaire est constant, ne serait-ce qu’en raison de l’immuabilité du dogme.
Si l’on rajoute cette condition du temps comme critère constitutif, c’est pour extraire du « magistère ordinaire conciliaire » ce qui relève de l’hérésie. Si l’on veut extraire l’hérésie du magistère ordinaire conciliaire, c’est pour le préserver de l’accusation d’hérésie. Si l’on veut préserver le magistère ordinaire conciliaire de l’accusation d’hérésie, c’est pour préserver la fiction de sa catholicité. Si l’on veut préserver la fiction de sa catholicité, c’est pour ne pas avoir à tirer la conclusion fatale relative à la non-catholicité de la secte conciliaire.
Ultime preuve que le critère du temps est artificiellement greffé : l’appellation complète Magistère ordinaire est « Magistère ordinaire et universel » (concile du Vatican, constitution dogmatique Dei filius) selon la lettre même du concile Vatican I. Le concile n’a pas écrit Magistère ordinaire, universel et « perpétuel »…
Dont acte.
Rappel sur l’infaillibilité du magistère ordinaire : le pape l’exerce chaque jour
Le Magistère ordinaire et universel est l’enseignement universel de l’Eglise en communion avec le pape. Cet enseignement est infaillible en matière de foi et de mœurs.
Mais quand l’infaillibilité du Magistère ordinaire est-elle précisément engagée ?
Elle l’est à chaque fois que le pape enseigne en matière de foi et de mœurs. Pie XI, dans Mortalium animos, nous dit bien que l’infaillibilité du Magistère ordinaire « s’exerce chaque jour » : « En effet, le magistère de l’Église – lequel, suivant le plan divin, a été établi ici-bas pour que les vérités révélées subsistent perpétuellement intactes et qu’elles soient transmises facilement et sûrement à la connaissance des hommes – s’exerce chaque jour par le Pontife Romain et par les évêques en communion avec lui ».
L’infaillibilité du Magistère ordinaire s’exerce par exemple à travers les encycliques. Pie XII, dans Humani generis, enseigne expressément que les encycliques appartiennent au Magistère ordinaire : « Et l’on ne doit pas penser que ce qui est proposé dans les lettres Encycliques n’exige pas de soi l’assentiment, sous le prétexte que les Papes n’y exerceraient pas le pouvoir suprême de leur magistère. C’est bien, en effet, du magistère ordinaire que relève cet enseignement et pour ce magistère vaut aussi la parole : “Qui vous écoute, m’écoute…” ».
Puisque les encycliques appartiennent au Magistère ordinaire de l’Église, elles sont infaillibles en matière de foi et de mœurs, ce qui implique que chaque catholique doit leur donner son assentiment en ces domaines.
Ainsi, officiellement, le texte bourré d’hérésies farfelues, l’« encyclique » Laudato si, est un texte infaillible de l’Église auquel les catholiques sont obligés de donner leur assentiment… Prière de ne pas rire.
Les encycliques ne sont qu’un moyen d’enseignement. Il en existe bien d’autres, comme par exemple l’exhortation apostolique. Aussi, quand Bergoglio dans l’« exhortation apostolique » lunaire Amoris Laetitia traite de mœurs en autorisant des relations sexuelles hors mariage – qui ne sont soudainement plus des péchés mortels –, il est officiellement infaillible…
Un catholique doit se laisser guider par l’Eglise, car celle-ci ne peut pas enseigner le faux en matière de foi et de mœurs
Pour être complet, ajoutons que dans le cadre de son Magistère ordinaire, l’Église ne peut enseigner que des vérités catholiques en matière de foi et de mœurs, que des vérités infaillibles : « [Les chrétiens] reçoivent de l’Église la règle de leur foi ; ils savent avec certitude qu’en obéissant à son autorité et en se laissant guider par elle, ils seront mis en possession de la vérité » (Sapientiae Christianae, 10 janvier 1890, lettre encyclique du pape Léon XIII).
« En se laissant guider » par l’Église, les catholiques sont « mis en possession de la vérité ». Ils ne peuvent être trompés par l’Église, qui elle-même ne peut se tromper. Par définition, l’Église ne peut pas enseigner le faux en matière de foi et de mœurs. Ceci n’est qu’un corollaire de l’indéfectibilité de l’Église, dogme selon lequel le Christ est avec elle jusqu’à la fin des temps. Par sa présence, le Christ immunise l’Église contre l’erreur.
Un catholique doit « se laisser guider » par l’Église. Mais qui a envie de se laisser guider par Bergoglio ?
Officiellement, Vatican II relève du Magistère ordinaire…
A plusieurs reprises, Paul VI a rappelé que Vatican II relevait du « Magistère ordinaire » : « Certains se demandent quelle est l’autorité, la qualification théologique qu’a voulu donner à son enseignement un concile qui a évité de promulguer des définitions dogmatiques solennelles engageant l’infaillibilité du magistère ecclésiastique […] étant donné le caractère pastoral du Concile, il a évité de prononcer d’une manière extraordinaire des dogmes comportant la note d’infaillibilité, mais a muni ses enseignements de l’autorité du magistère ordinaire suprême ; ce magistère ordinaire et manifestement authentique doit être accueilli docilement et sincèrement par tous les fidèles, selon l’esprit du Concile concernant la nature et les buts de chaque document » (Audience générale du 12 janvier 1966 citée par Maxence Hecquard, La crise de l’autorité dans l’Église – Les papes de Vatican II sont-ils légitimes ?, éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2019, p. 81).
Réfutation par le Magistère et le bon sens
Pour ne pas faire la conclusion fatale qui s’impose relative à la vacance du Siège et à la nature de la structure conciliaire, les lefebvristes « bidouillent », modifient le dogme de l’infaillibilité du Magistère ordinaire, le réduisent à peau de chagrin. Ainsi, certains croient garder la face en prétendant que Bergoglio et ses prédécesseurs conciliaires n’auraient jamais engagé leur « infaillibilité » (SIC).
L’infaillibilité du Magistère ordinaire, nous disent nos contradicteurs lefebvristes, n’est engagée que lorsque le pape répète des vérités déjà qualifiées d’infaillibles par l’Église, des « enseignements constants ». Dès lors, si l’on trouve des hérésies ou des erreurs en matière de foi et de mœurs dans l’enseignement conciliaire, celles-ci n’appartiennent pas au magistère ordinaire de l’Église, puisqu’elles ne répètent pas un enseignement constant. L’autorité officielle s’est simplement trompée, car… elle peut se tromper.
Le lecteur doit savoir que ceci n’a jamais été enseigné par le Magistère de l’Église. Cette définition du Magistère ordinaire et l’existence d’un enseignement faillible en matière de foi et de mœurs sont une création ex nihilo des lefebvristes.
Non seulement il s’agit d’une invention, mais cette invention est contraire au Magistère… et au bon sens.
Le Magistère dispose infailliblement qu’en matière de foi et de mœurs, l’Église ne peut enseigner que des vérités catholiques (Sapientiae Christianae, 10 janvier 1890, lettre encyclique du pape Léon XIII). Dire que seule la répétition d’un « enseignement constant » serait infaillible, signifierait :
Que l’Église ne peut plus infailliblement rendre explicite ce qui est implicite dans la Révélation, qu’elle ne peut plus faire d’explicitation nouvelle du dogme (j’écris bien explicitation et non doctrine, car une doctrine nouvelle n’existe pas dans le catholicisme).
Soyons logique. Si l’Église ne peut que répéter « un enseignement constant », c’est qu’elle est par définition dépourvue de la faculté de faire une explicitation nouvelle de la Révélation.
Une telle Église n’a jamais existé : si l’Église se bornait à ne pouvoir que répéter ce qui a été enseigné infailliblement, elle ne pourrait strictement rien dire, car la répétition suppose qu’il y a réitération d’une explicitation initiale de la Révélation. Or, selon les lefebvristes, l’explicitation initiale n’est pas possible puisque l’Église ne peut que répéter ! Le socle de la répétition faisant défaut, l’Église serait condamnée dans ce schéma à avoir un magistère ordinaire muet.
Qu’en dehors de la « répétition », l’Église pourrait se tromper. Or, en matière de foi et de mœurs, l’Église ne peut pas se tromper. Rappelons que selon Pastor Aeternus, le Siège de Saint Pierre est « pur de toute erreur » et que selon Léon XIII : « pour la foi et la règle des mœurs, Dieu a fait participer l’Église à son divin magistère et lui a accordé le divin privilège de ne point connaître l’erreur » (Libertas praestantissimum, 20 juin 1888, lettre encyclique du pape Léon XIII). Je ne ferai pas l’injure de répéter les paroles de l’acte de foi…
Que coexisteraient deux enseignements de l’Église, l’un infaillible, fait de répétitions d’« enseignements constants », l’autre faillible, fait d’enseignements non-constants, y compris en matière de foi et de mœurs. Les catholiques seraient tenus d’adhérer au premier, mais pas au second… L’Église n’a jamais enseigné pareilles pitreries ! Ce serait radicalement contraire à la soumission au pape : aucun catholique ne peut s’affranchir de la moindre parcelle de l’enseignement de l’Église. L’assentiment doit être donné sans la moindre exception.
Ainsi, non seulement la farce du magistère ordinaire réduit à la « répétition de l’enseignement constant » est contraire à plusieurs principes du Magistère, mais il apparaît qu’elle aboutit à ballonner l’Église !
Le serpent se mord la queue. Mais c’est pourtant ainsi qu’acceptent d’être trompés les « fidèles » des communautés ex-Ecclesia Dei [NDLR : FSSP, ICRSP, IBP, etc.] et de la Fraternité Saint Pie X. Je parle d’expérience puisque c’est toujours cette argumentation qui m’est opposée par des contradicteurs ou que je trouve dans les ouvrages lefebvristes.
La vérité est que le pape, lorsqu’il énonce un enseignement en matière de foi et de mœurs, est infaillible, que cet enseignement soit nouveau – entendre par là explicitation du dogme et non création du dogme –, ou qu’il répète ce qui a déjà été dit.
Les conciliaires reprennent la falsification lefebvriste via leur prétendue « pastorale »
A l’instar des lefebvristes, les théologiens conciliaires sont contraints de falsifier la définition du magistère ordinaire de l’Église pour faire croire que l’infaillibilité pontificale n’a officiellement jamais été engagée.
Leur stratagème est le suivant :
Un pape est infaillible lorsque qu’il se prononce sur une « doctrine universelle du salut ».
Lorsque l’on trouve des erreurs dans l’enseignement conciliaire, c’est parce que le « pape » ne traite pas de doctrine universelle du salut.
En réalité, le pape enseigne une pastorale, c’est-à-dire une mise en pratique de la foi.
On s’aperçoit que le raisonnement est assez proche de celui des lefebvristes : à côté de l’enseignement infaillible, existerait un enseignement faillible, celui de la « pastorale ».
Ainsi par exemple, Amoris Laetitia, serait un texte pastoral. Bien qu’elle concerne le rapport entre la communion, le mariage et la morale, cette « exhortation apostolique » ne serait pas infaillible, car elle ne concerne pas une « doctrine universelle du salut ». Ce ne serait qu’une erreur dans la mise en pratique de la morale catholique…
Ceci n’est pas très sérieux.
D’abord, jamais l’Église n’a fait de distinction entre un enseignement infaillible et un enseignement pastoral. Ceci est une création conciliaire, qui d’ailleurs n’est pas partagée par tous les conciliaires, comme nous allons le voir.
Ensuite, les conciliaires concernés donnent une interprétation fausse, car extensive, de la pastorale. La pastorale est l’exposition de la foi dans des cas particuliers. Or, en l’espèce, ce qui est désigné par les conciliaires comme pastoral ne concerne pas l’exposition, la mise en pratique de la foi, puisque des principes sont dégagés. Amoris Laetitia ne se prononce pas sur des cas particuliers, elle énumère tout une série de principes, applicables à tous les cas qui s’y rattachent. Autrement dit : Amoris Laetitia fixe des normes. Par exemple : certains péchés mortels ne sont plus des péchés mortels (301 : « Par conséquent, il n’est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite ‘‘irrégulière’’ vivent dans une situation de péché mortel, privés de la grâce sanctifiante. »), les divorcés non mariés religieusement peuvent communier (299 : « les baptisés divorcés et remariés civilement doivent être davantage intégrés dans les communautés chrétiennes selon les diverses façons possibles, en évitant toute occasion de scandale […] Non seulement ils ne doivent pas se sentir excommuniés, mais ils peuvent vivre et mûrir comme membres vivants de l’Église… »)…
En résumé, les conciliaires maquillent l’engagement officiel de l’infaillibilité par un abus de langage à partir de la notion de pastorale.
En ceci, ils sont plus inexcusables que les lefebvristes, puisqu’ils contredisent la lettre de Vatican II, qui pour le coup, n’énonce pas d’hérésie concernant le Magistère ordinaire : « Quoique les évêques, pris un à un, ne jouissent pas de la prérogative de l’infaillibilité, cependant, lorsque, même dispersés à travers le monde, mais gardant entre eux et avec le successeur de Pierre le lien de la communion, ils s’accordent pour enseigner authentiquement qu’une doctrine concernant la foi et les mœurs s’impose de manière absolue, alors, c’est la doctrine du Christ qu’infailliblement ils expriment » (Vatican II, constitution dogmatique Lumen Gentium, 25).
Le texte parle bien d’enseignement en matière de foi et de mœurs. Il n’est pas fait de distinction entre la répétition d’une « doctrine universelle du salut » infaillible et une pastorale faillible en matière de foi et de mœurs, type Amoris laetitia.
Le résultat est toujours le même : les adversaires conciliaires et lefebvristes du Magistère de l’Eglise sont obligés de bidouiller pour ne pas admettre la vacance du Siège.
Une anecdote personnelle
En 2018, est venu frapper à la porte de mon cabinet un monsieur d’une cinquantaine d’année, rattaché à l’école de l’abbé de Nantes, pour me donner des documents relatifs à l’affaire Pétain. La discussion dériva sur la religion. Il m’invita à venir assister à une messe una cum. Je déclinai pour les raisons que le lecteur devine en lui expliquant mon positionnement et son fondement : la question de l’infaillibilité.
Il me répondit que, contrairement à ce que j’avance, l’infaillibilité n’avait jamais été engagée par les « pontifes » conciliaires. La preuve en est que l’enseignement conciliaire contient des hérésies.
Dans l’esprit de mon visiteur, la vérité était donc une condition de l’engagement de l’infaillibilité pontificale. Il confondait alors l’effet et les causes. Le caractère infaillible d’un enseignement, son statut de vérité irréformable, n’est pas une condition de l’infaillibilité, mais son principal effet. D’ailleurs, une vérité n’a par nature pas besoin d’être confirmée par l’infaillibilité.
De toute évidence, mon visiteur n’avait pas l’esprit clair. A sa façon, il reprenait la falsification lefebvriste de l’« enseignement constant » : s’il manque la vérité, c’est que les conditions de l’infaillibilité ne sont pas réunies. Ceci est vrai d’ailleurs, mais pas pour les raisons citées par lui… Car officiellement et matériellement, toutes les conditions ont été réunies quantité de fois par les imposteurs conciliaires pour « engager l’infaillibilité pontificale ». Si l’on retrouve des erreurs dans l’enseignement conciliaire malgré le respect du formalisme nécessaire à l’engagement de l’infaillibilité, c’est parce qu’il manque une condition : depuis 1958, il n’y a plus de pape pour engager l’infaillibilité.
En conclusion
Résumons simplement : que l’explicitation du dogme soit nouvelle ou qu’elle soit une répétition, l’enseignement du pape en matière de foi et de mœurs est infaillible. L’enseignement pontifical en matière de foi et de mœurs est par définition conforme à la Révélation. Il ne se divise pas entre une branche infaillible et une autre faillible.
Sachant cela, personne ne peut croire que Saint Pierre s’exprime par le bouche de Bergoglio. D’ailleurs, Magistère à l’appui, je pose encore la question : qui a envie de « se laisser guider » par Bergoglio ?